Certains cancers, s’ils sont repérés à un stade précoce de leur développement, se traitent très bien. Ne soyez pas négligent et mettez toutes les chances de votre côté : prendre soin de sa santé passe par des gestes simples et par des dépistages réguliers.
Lorsqu’il est détecté à ses débuts, le mélanome, le cancer de la peau le plus grave, se soigne. S’il n’est pas décelé à temps, en revanche, il peut se développer très vite, en quelques mois. Voilà pourquoi, d’une part, l’auto-surveillance est un bon réflexe à prendre et, d’autre part, il faut au moindre doute demander l’avis de son médecin traitant ou d’un dermatologue.
Les personnes à la peau claire, aux cheveux blonds ou roux et qui bronzent difficilement, celles qui comptent beaucoup de taches de rousseur, qui ont de nombreux grains de beauté (plus de quarante), irréguliers ou d’un diamètre supérieur à 5 millimètres, celles qui ont subi une forte exposition solaire ou encore celles qui ont des antécédents familiaux de mélanome doivent être particulièrement vigilantes et surveiller l’aspect de leur peau.
Comment s’y prendre ? « Pour faire la différence entre un grain de beauté bénin et un mélanome, il faut s’examiner régulièrement, afin de pouvoir repérer tout changement suspect, recommande Frédéric De Bels, responsable du département dépistage de l’Institut national du cancer (Inca), qui conseille aussi aux personnes à risque de consulter tous les ans un dermatologue, car, dit-il, « le nombre de cancers de la peau a triplé au cours des vingt dernières années, à cause des expositions au soleil sans protection suffisante ou en cabine UV ».
Lorsque l’on examine sa peau, le spécialiste préconise de « se méfier de tout ce qui n’est pas habituel : apparence, forme, couleur ». Tous les grains de beauté d’une même personne doivent en effet avoir la même apparence. Il propose de se référer à la règle ABCDE développée par l’Institut national du cancer sur son site (www.e-cancer.fr) :
A comme asymétrie (le grain de beauté n’est ni rond ni ovale) ;
B comme bords irréguliers (ses contours ne sont pas nets) ;
C comme couleur non homogène (il présente plusieurs couleurs) ;
D comme diamètre (son diamètre augmente) ;
E comme évolution (on assiste à un rapide changement de taille, de forme, de couleur ou d’épaisseur).
C’est une surveillance simple, qui doit faire partie des réflexes à prendre, insiste Frédéric De Bels. Et pour les zones difficiles d’accès, comme la chevelure ou le dos, mieux vaut demander de l’aide à son entourage.
Dès l’âge de 25 ans, on peut pratiquer l’autopalpation des seins afin de repérer une grosseur qui serait nouvellement apparue. « Dès lors que l’on remarque des choses inhabituelles, persistantes, ou un écoulement du sein, par exemple, on doit consulter », affirme Frédéric De Bels, avant de rappeler qu’« une fois par an le médecin traitant ou le gynécologue doit procéder à une palpation des seins ».
Dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein, une mammographie est prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie tous les deux ans pour les femmes entre 50 et 74 ans. Mais attention, « le bénéfice du dépistage est dans la reproduction du geste. Il ne suffit pas, en effet, de faire une mammo une fois, puis d’abandonner. Pour être efficace, le suivi doit être systématique et répété, dans le respect des recommandations », avertit le spécialiste.
Un dépistage peut être préconisé plus précocement et pris en charge à 100% pour les femmes à risque élevé (antécédents personnels). Quant à celles dont le risque est très élevé – à l’instar de l’actrice Angelina Jolie, qui présentait des prédispositions génétiques à l’apparition de cancers –, elles subiront en outre des examens de dépistage des cancers des ovaires et de l’utérus. Concernant le cancer de l’utérus, Frédéric De Bels rappelle aux femmes de 25 à 65 ans que « le frottis de dépistage est nécessaire tous les trois ans ». Les médecins remarquent souvent une baisse de la vigilance et de la participation à cet examen à partir de 45 ans.
Comme pour les cancers du sein ou de l’utérus, qui, lorsqu’ils sont traités à leurs débuts, se soignent bien, le dépistage précoce du cancer colorectal permet d’en guérir neuf fois sur dix, grâce à la mise en place d’un traitement qui laissera moins de séquelles. « Le nouveau test de dépistage est plus simple, avec un seul prélèvement, et plus performant », précise Frédéric De Bels. En cas de résultats positifs, des examens complémentaires pourront être menés, comme une coloscopie, puis une biopsie, afin de déterminer s’il y a cancer ou non. Le test immunologique, à réaliser chez soi, est remis par le médecin traitant. Il est conseillé aux hommes comme aux femmes, entre 50 et 74 ans, de le pratiquer tous les deux ans.
Responsable de 17 700 décès par an, le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France, derrière celui du poumon. C’est aussi le troisième le plus fréquent, derrière celui de la prostate et du sein.
L’Institut national du cancer ne recommande pas le dépistage systématique du cancer de la prostate. Selon Frédéric De Bels, « il faut que les personnes soient informées des bénéfices et des risques de ce que l’on prescrit. Une discussion doit avoir lieu entre le médecin et le patient ».
En ce qui concerne le cancer des testicules, il n’y a pas de recommandations particulières : il faut juste se surveiller. L’autopalpation des testicules tous les trois ou quatre mois permet d’alerter en cas d’apparition d’une grosseur ou d’un changement inhabituel dans la consistance des tissus.
On parle de dépistage lorsqu’il n’y a aucun symptôme. « Des examens par scanner spiralé sont en cours d’étude, en ciblant les anciens gros fumeurs. La Haute Autorité de santé doit rendre un avis sur l’intérêt ou non d’un programme de dépistage, sur sa capacité à guérir et à améliorer la survie, annonce Frédéric De Bels. Le cancer du poumon est fréquent et tue beaucoup. Il y a une vraie priorité dans la mise en place d’un programme de dépistage », conclut-il.
Source : Isabelle Coston, pour France Mutualité